Elle disait qu’elle ne passerait pas de temps à parler de ses 12 premières années de carrière comme si celles-ci ne pesaient pas si lourd en comparaison du défi de sa vie, la direction de l’Orchestre symphonique de Montréal. Heureusement, elle en a parlé, car pour comprendre la femme derrière le succès de l’OSM, il faut connaitre le cheminement qui a permis à Madeleine Careau de se bâtir, de se constituer un réseau de contacts dans tous les milieux, de devenir une gestionnaire chevronnée, une véritable entrepreneure au sein de l’organisation et une “maestro” des Relations publiques.
Arrivée sur le marché du travail à une époque où le mentorat n’était pas monnaie courante pour les femmes, où les formations universitaires en gestion des organismes culturels n’existaient pas, Madeleine Careau s’est d’abord démarquée comme étudiante, passionnée d’arts et excellant dans la vente . De fil en aiguille, on lui propose de prendre successivement la barre de l’Orchestre symphonique de Québec, de l’ADISQ, du Festival Juste Pour Rire, Starmania en passant par le Ministère de la Culture comme responsable des dossiers culturels. En 2000, elle est nommée chef de la direction de l’Orchestre symphonique de Montréal.
À travers l’histoire de son parcours, madame Careau laisse tomber des perles de sagesse au grand bonheur des entrepreneures réunies lors d’un des déjeuners-causeries des Beaux Jeudis organisé par Femmessor-Montréal jeudi dernier.
Perle de sagesse no.1 : Créer des liens
Perle de sagesse no.2 : Trouver sa passion
Si on y regarde bien, les perles no. 1 et no. 2 ne vont pas l’une sans l’autre. C’est parce que Mme Careau a la passion de travailler dans le domaine culturel qu’elle arrive à vendre ses idées, à rassembler du monde autour de ses projets, et à relever un défi après l’autre. Sa passion est contagieuse. Ce faisant, elle ne manque pas de créer des liens durables avec des gens qu’elle retrouve sur son chemin plus tard.
- Voudriez-vous créer plus de liens au sein de votre réseau actuel? Parlez de la cause qui vous passionne.
Perle de sagesse no.3 : Rester humble
Madame Careau est une leader, mais une leader qui reste dans l’ombre et qui ne recherche pas les projecteurs. Elle le dit elle-même: Pourquoi vouloir rivaliser avec l’ego d’un chef d’orchestre, d’un artiste, d’un membre important du C.A. quand son énergie serait mieux investie à tirer les ficelles en coulisse? Il faut avoir une bonne dose de confiance en sa valeur pour ne pas vouloir se mettre de l’avant, être la vedette et vouloir à tout prix la reconnaissance publique pour son travail.
- Posez-vous la question : qu’est-ce que la reconnaissance? Est-elle le moteur de mes actions?
Perle de sagesse no.4 : On n’est jamais aussi bon que son dernier succès ni aussi mauvais que son dernier échec.
Perle de sagesse no.5 : “Avoir une tête heureuse” : retourner les problèmes en opportunités.
Ces perles no. 4 et no. 5 sont mes préférées et elles vont main dans la main. Comme toute dirigeante, madame Careau a son lot de déconvenues et de crises à gérer. Ainsi, elle a vécu le départ précipité du chef d’orchestre de l’OSM, Charles Dutoit et la grève des musiciens. Elle en profite pour en tirer des bons coups: restructurer l’administration et les finances, recruter un nouveau chef à la stature internationale, et annonce l’arrivée de Maestro Kent Nagano à Montréal, en produisant les musiciens avec leur nouveau chef au Stade Olympique tout juste 48h après la fin de la grève des musiciens. Tout avait été réglé comme du papier à musique .
Madeleine Careau le rappelle, sa mère disait d’elle qu’elle avait une “tête heureuse”. Face à un problème, elle trouve une façon d’en tirer une opportunité, de retourner la situation à son avantage. C’est tout l’art de savoir regarder la situation sous un autre angle.
- Quelles sont vos façons de voir les choses sous un autre angle?
- Passez-vous trop de temps à ressasser les échecs ou au contraire vous reposez-vous sur vos succès?
Perle de sagesse no.6 : Développer son sens de l’intrapreneurship
L’intrapreneur est un entrepreneur au sein d’une organisation. C’est la personne de passion et de conviction animée d’un grand sens de l’initiative et promouvant l’innovation .
L’OSM est une grosse machine avec un conseil d’administration de 40 personnes issues de divers secteurs, de 90 musiciens d’un côté, d’une administration de l’autre et le défi continuel de survivre, l’obligation d’équilibrer les budgets tout en livrant un produit de la plus haute qualité.
Comme elle l’a fait dans tous ses postes précédents, madame Careau travaille comme une entrepreneure au sein de son organisation. Elle ne perd jamais de vue son plan et joue son rôle de rassembleuse autour de l’objectif commun.
- Quelle leçon retenez-vous pour vous, pour votre entreprise?
À la fin de la conférence, je lui ai demandé quelles étaient les qualités qu’elle recherchait chez un candidat à un poste à l’OSM. Sa réponse reflète bien l’esprit qui règne parmi les membres de son équipe:
Passion, dévouement à la cause, entregent et bien prendre le feedback.
Nous avons besoin que des modèles féminins d’entrepreneures et d’intrapreneures comme Madeleine Careau sortent de l’ombre plus souvent.
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