« Plaire n’est pour l’homme qu’un moyen de succès; pour une femme, c’est le succès lui-même »
La citation est de Pierre Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses et elle a de quoi piquer au vif!
Mais le livre date de 1782.
(Soupir de soulagement)
Nous sommes en 2012 et les choses ont bien changé pour les femmes au Québec (mais hélas pas partout ailleurs dans le monde).
De tels stéréotypes sur le succès ne font pas partie de nos préoccupations.
L’élection de la première première ministre femme au Québec représente un point culminant dans le long chemin parcouru par les femmes en politique.
Madame Marois vient rejoindre le groupe sélect de femmes chefs d’État déjà à la tête de l’Allemagne, l’Inde, l’Australie, l’Argentine, la Colombie-Britannique, l’Alberta, le Nunavut, Terre-Neuve et le Labrador (5 provinces et territoires au Canada!)
Mesdames, chapeau!
Des statistiques qui dérangent.
Malgré les percées des femmes dans tous les domaines économiques et politiques, il n’en demeure pas moins que certaines statistiques devraient nous déranger.
• Écart salarial : une nouvelle étude parue dans La Presse révèle que les femmes gagnent en moyenne 15 % de moins que les hommes
• Sièges sur les CA : les femmes occupaient 13 % des sièges en 2008 selon Catalyst Canada
• Postes à la Haute Direction : 4.2 % selon Catalyst Canada
Les stéréotypes féminins sont-ils encore un sujet d’actualité en affaires et en politique?
Oui.
D’entrée de jeu, je précise qu’il n’est pas question de jouer aux victimes. Les femmes au Québec et au Canada ont des chances d’avancement et une liberté de choix dans leur carrière que leur envient bien des femmes d’autres pays.
Par contre, lorsque les femmes arrivent dans les hautes sphères du pouvoir, les perceptions à leur égard n’ont pas tant changé au cours de dernières décennies.
Il n’y a qu’à lire les 10 stéréotypes relevés par la journaliste Jenna Goudreau dans Forbes. Des femmes d’influence comme Hillary Clinton, Christine Lagarde, Jill Abramson et d’autres partagent les stéréotypes dont elles font l’objet :
• Froide et calculatrice.
• Masculine.
• Émotive.
• Frustrée.
• Autoritaire.
• Arriviste.
• Carriériste.
Le Code.
Comme femme, les perceptions à votre égard vous gardent-elles réveillées la nuit?
À l’évidence, non.
Vous demandez-vous à l’occasion :
• Ai-je fait les bons choix?
• Suis-je reconnue à ma juste valeur?
• Suis-je payée à ma juste valeur?
• Suis-je authentique et fidèle à mes valeurs?
• Ai-je un bon équilibre famille/travail?
Il y a plus de chances que vous répondiez par l’affirmative.
Et pourtant, ce n’est pas suffisant pour réussir en affaires ou en politique.
Il s’agit vraiment d’aider les femmes à prendre conscience que les mesures gouvernementales, le travail acharné, la volonté, la prise en main de leur destinée sont des éléments insuffisants pour briser le « plafond de verre »
Il en faut plus. Il faut prendre conscience des règles non écrites et non dites qui surgissent comme autant d’embûches invisibles sur leur parcours professionnel.
Les femmes en sont-elles conscientes?
À mon avis, pas assez.
Devraient-elles en prendre conscience pour contribuer encore plus au progrès de notre société?
Oui.
Décrypter les multiples facettes du Code
Le code de l’argent
Encore étonnée de lire dans l’édition souvenir Châtelaine de septembre 2012, l’extrait suivant, de Pauline Marois parlant de sa maison en 2007 : « Ici, pas de réception officielle. Le moins de journalistes possible. “parce que c’est une grosse maison et que je vais encore me faire écœurer”
Et en 2011, à Tout le monde en parle : “C’est incompréhensible que, pour moi, ce soit très mal vu et que, pour un homme, ce soit un signe de réussite. C’est deux poids, deux mesures »
Mme Marois commentait les jugements portés sur sa fortune personnelle et sur celle de François Legault.
J’ai interviewé James Chartrand, blogueuse, entrepreneure, fondatrice du site à succès Men With Pens. Elle m’a parlé ouvertement des retombées positives qu’elle a eues à utiliser… un pseudonyme masculin, James, afin de facturer à sa juste valeur.
Retenir : Deux poids. Deux mesures.
Que faire? Négocier son salaire et ses contrats, parler d’argent sans complexe, poser des questions, demander des comptes.
Le code vestimentaire
À nouveau, étonnement de lire sous la plume de Michèle Ouimet le 4 septembre 2012, sous le titre de Femme PM, une autre façon de diriger:
“Mme Marois n’a jamais oublié le conseil que Lise Payette lui a donné en 2005, après son amère défaite à la direction du parti. André Boisclair l’avait battue. On lui reprochait ses bijoux et ses grands châles et on la traitait de grande bourgeoise, alors que personne ne critiquait les complets chics d’André Boisclair signés par le designer québécois Philippe Dubuc.
– Lise avait dit: ‘Écoute Pauline, trouve-toi un tailleur noir et ils vont arrêter de t’écoeurer et de te parler de tes bijoux et de ton foulard.’ Et elle avait totalement raison. J’ai abandonné les foulards il y a quelques années à cause des critiques.
– On est plus dur avec les femmes?
– Mais oui, bien sûr.
Pendant sa campagne électorale, elle a épuré son style: tailleurs sobres, bijoux modestes, voix douce délestée de tout soupçon d’agressivité.”
Retenir : Deux poids. Deux mesures.
Que faire? Rester soi-même si ce n’est en public alors en privé. Un jour viendra… Là dessus, les politiciennes françaises ont une longueur d’avance à en juger par les tenues des Rachida Dati, Christine Lagarde, Cécile Duflot et autres.
Le code de direction
D’une femme, on admire son esprit de collaboration, son empathie, son sens de l’écoute, sa recherche du consensus. Toutes sont des qualités importantes en affaires comme en politique.
Pourtant, ça ne l’empêche pas d’être décisionnelle et de mettre son poing sur la table s’il le faut.
On le sait tous, pour bien diriger il faut le ying et le yang.
Sauf que lorsqu’une femme adopte un ton plus autoritaire, plus directif, elle court le risque de se faire taxer d’autoritaire, d’hystérique, de Germaine et ce n’est pas un compliment.
D’un homme, on dira qu’il a du leadership ou du caractère.
Selon Manon Tremblay, de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa :
« Pour être crédibles, elles doivent manifester les qualités “viriles” qu’on attend d’un chef, mais ce faisant, elles risquent d’enfreindre les codes traditionnels de la féminité.
Ainsi, les candidates se retrouvent assises entre deux chaises : elles doivent se montrer assez combatives pour être convaincantes comme leaders… mais pas trop, car
elles pourraient paraître trop rudes, trop agressives pour des femmes, et rebuter l’électorat. En revanche, si elles se présentent sous un jour plus doux, chaleureux, empathique — féminin, au sens conventionnel du terme —, elles perdent de la crédibilité en tant que leaders. »
Retenir : Deux poids. Deux mesures.
Que faire? Prendre conscience du phénomène de la “double contrainte”, de son style de gestion et s’employer à doser les côtés masculins et féminins de son mode de direction.
Le code des émotions
Montrer ou cacher ses émotions?
Quand les femmes montrent leurs émotions, qu’elles pleurent, qu’elles se mettent en colère, qu’elles crient, qu’elles doutent, qu’elles font état de leurs erreurs, elles hypothèquent leur carrière, car elles sont étiquetées émotives et faibles.
Les hommes eux, montrent plus rarement leurs émotions au travail. Pourtant, s’ils se mettent en colère, parlent avec rudesse, ou piquent une crise, on acceptera que cela fasse partie du mode de fonctionnement de l’homme. Au mieux, on leur demandera de prendre une formation en “intelligence émotionnelle” ou “gestion des émotions”.
Retenir : Deux poids. Deux mesures.
Que faire? Trouver le juste milieu. Si l’on est trop émotive, il faudra travailler à laisser sa nature émotive pour sa vie en privé. La politique et les affaires sont deux sphères qui tolèrent mal l’émotivité non contrôlée, j’allais dire non calculée. Une femme qui pleure sera étiquetée “émotionnelle” pour le reste de sa carrière. Pleurer, douter, même admettre ses erreurs sont perçus comme des signes de faiblesse dans le monde du travail.
Sans renier qui elle est, il est clair que la femme doit comprendre le code de conduite de son organisation et l’adapter à sa personnalité et à ses objectifs.
Un vent d’optimisme
On l’entend souvent: le 21e siècle sera féminin.
Non pas au sens que ce sont les femmes qui gouverneront nos destinées, mais que les valeurs traditionnelles comme l’ambition, le pouvoir et son corollaire, l’argent ont fait leur temps. Le monde a changé, il a plus que jamais besoin d’empathie, d’esprit de collaboration, d’écoute et de communication.
Le futurologue britannique, Ian Pearson, fait le même constat dans son livre You Tomorrow.
Il y a une mouvance dans le marché qui laisse place à des valeurs féminines présentes chez les femmes et que les hommes affichent de plus en plus librement.
Vous êtes consciente du Code, que faire maintenant?
Décodez et recodez!
Décoder, c’est prendre conscience que les stéréotypes féminins font partie du paysage politique et des affaires, c’est prendre conscience qu’ils influencent nos choix, nos jugements et nos décisions au quotidien.
Recoder, c’est changer les mentalités et les pratiques en posant des gestes concrets qui ne sont pas forcément des coups d’éclat, mais qui mis ensemble contribuent à changer les perceptions que l’on a de soi et des autres.
Pour les femmes, recoder, c’est par exemple :
Rester Femme.
Trouver des mentors.
Gagner confiance en soi.
Ne rien tenir pour acquis.
Rester fidèle à ses valeurs et convictions.
Connaître ses forces et en faire état sans vergogne
Mon plus grand souhait est que le sujet des stéréotypes féminins ne soit pas balayé sous le tapis au motif que nous avons toutes les chances que nos mères n’ont pas eues et qu’il n’en tient qu’à nous de saisir les chances qui nous sont offertes.
Des pionnières se sont battues pour le droit de vote, le droit d’ouvrir un compte bancaire, le droit à des prêts bancaires, le droit à la contraception, à l’avortement, au divorce… à nous de continuer le travail, d’une autre façon.
Pour continuer à alimenter la discussion, j’ai lancé un nouveau blogue en anglais, SheMeansSuccess.com. Je compte raconter des histoires de femmes qui ont compris le code et qui recodent patiemment et avec succès.
Si vous voulez vous garder au courant, n’hésitez pas à vous abonner à shemeanssuccess et surtout à me faire part de vos expériences.
De tels stéréotypes sur le succès ne font pas partie de nos préoccupations.
L’élection de la première première ministre femme au Québec représente un point culminant dans le long chemin parcouru par les femmes en politique.
Madame Marois vient rejoindre le groupe sélect de femmes chefs d’État déjà à la tête de l’Allemagne, l’Inde, l’Australie, l’Argentine, la Colombie-Britannique, l’Alberta, le Nunavut, Terre-Neuve et le Labrador (5 provinces et territoires au Canada!)
Mesdames, chapeau!
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