« Conciliation travail-famille » 476 000 résultats trouvés sur Google. En fait, je recherchais l’histoire de la députée québécoise expulsée de la Chambre des Communes parce qu’elle y avait amené exceptionnellement son bébé de 3 mois… Un bon exemple de conciliation travail-famille.
Concilier famille et travail, c’est aussi la raison la plus souvent invoquée par les femmes pour expliquer leur motivation à se lancer en affaires. Une de mes amies ayant une belle carrière à qui j’en parlais n’arrivait pas à croire que c’était encore et toujours un problème qu’on soit cadre ou entrepreneure. Des données précises et chiffrées pour l’entrepreneuriat féminin sur l’île de Montréal, il n’y a en a malheureusement pas. Au Québec, on sait que les femmes forment une catégorie d’entrepreneurs en croissance exponentielle : soit 102 % contre 26 % pour les hommes. (RICHER, F. et L. ST-CYR 2007 « L’entrepreneuriat féminin au Québec – dix études de cas – p. 47)
D’autres études comme celle menée par le CNUCED des Nations Unies, l’entrepreneuriat féminin et l’innovation : un angle comparatif montre qu’il existe des différences liées au sexe dans la prise de risque et les motivations pour se lancer en affaires.
Le présent article est né en réponse à la question que se posait Kim Auclair, présidente de Nitivi, blogueuse, gestionnaire de communautés, entrepreneure et comme moi, siégeant sur le C.A. de Femmessor-Montréal,un organisme voué au soutien à l’entrepreneuriat féminin.
Kim Auclair s’est demandé si :
« Les raisons qui motivent les femmes à se lancer en affaire sont-elles les mêmes que les hommes? »
Elle a donc posé la question dans les forums de discussion LinkedIn, Google +, Femmes d’Influence, Les Affaires, etc. Pour compléter le tour d’horizon, j’ai par la suite posé une question connexe sur la page Facebook de SmartCoaching :
« Quelles sont les femmes entrepreneures qui vous inspirent? »
Deux raisons sont les plus souvent invoquées par nos répondants pour expliquer pourquoi les femmes se lancent en affaires :
Raison no 1 : Concilier famille- travail / gestion du temps
J’avoue avoir été étonnée puisque nul n’est s’en savoir que le métier d’entrepreneur en plus de nécessiter le partage des tâches requiert un investissement de temps, d’énergie et bien souvent de ressources considérables ainsi qu’un engagement sans relâche.
Mais à travers les commentaires, il est clair que ce que recherchent les femmes en lançant leur entreprise c’est :
la flexibilité des horaires de travail,
le contrôle de leur temps
Plus que jamais, ce sujet est à d’actualité et TLMP encore plus fort depuis que Sheryl Sandberg, la COO de Facebook, fait de la promotion des femmes dans le milieu de travail son cheval de bataille. Je l’ai entendue sur toutes les tribunes, TED, Bloomberg, Davos parler de ce sujet. Elle dit même que c’est un problème bien plus aigu dans les foyers, dans nos propres maisons, que dans les entreprises. Bref, elle se donne pour mission de toujours aborder le sujet avec les candidates féminines afin qu’elles sachent qu’il est possible d’allier carrière et famille sans s’y perdre. Pour voir l’entrevue TED en anglais, cliquez ici.
Qu’en est-il de l’entrepreneuriat?
Quand Jean Coutu, notre grand entrepreneur québécois, a déclaré que selon lui, ” la grande importance que les jeunes accordent à la conciliation travail-famille nuit au développement de l’entrepreneuriat”, j’étais interloquée. À sa décharge, il a développé sa pensée en disant aussi que “pour réussir, un entrepreneur n’a pas besoin de devenir un bourreau de travail, même si lui-même l’a été par moments. À ses yeux, un bon entrepreneur doit être muni de deux personnalités fortes mais autonomes: une au travail et l’autre dans sa vie familiale.”
Ce qui a changé entre l’époque où Jean Coutu a lancé ses pharmacies et maintenant, c’est le nombre grandissant de femmes qui accèdent à des postes de direction et qui lancent leur entreprise. Quand une femme est entrepreneure et se retrouve à la tête d’employés, elle a les coudées franches pour ouvrir la voie à une forme de conciliation famille – travail qui n’existait pas avant. Les changements sont en marche même s’ils ne sont pas encore assez rapides et imposants.
La compagnie de jeux vidéo Frima, de Québec, est un bel exemple, elle, qui fait de la conciliation famille-travail un facteur d’attraction et de rétention pour les femmes. Saviez-vous que depuis avril 2011, il existe une certification offerte par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) aux entreprises qui ont adopté de bonnes pratiques en matière de conciliation travail-famille? Selon l’article paru dans Le Soleil , “la firme de divertissement de 350 employés espère toujours être la première au Québec – et au monde! – à obtenir cette certification qui se compare aux normes ISO qui s’appliquent au domaine industriel.”
Raison no 2 : Se réaliser / donner libre cours à sa créativité
Créer une entreprise tient de l’artisan, de l’artiste, du génie créatif. Entreprendre au féminin c’est avoir envie de créer, de se réaliser et je ne m’étonne pas que ce critère arrive bon deuxième.
La créativité est valorisée dans notre enfance, dans notre société. Mais monter son entreprise demande créativité ET une bonne dose d’ambition. Sheryl Sandberg, pour la citer encore, parle de « ambition gap » c’est-à-dire d’une façon d’éduquer les filles à la maison comme à l’école qui dicte implicitement aux filles d’avoir de l’ambition mais pas trop pour ne pas mettre en péril les responsabilités familiales à venir. Pour un garçon, être leader à un jeune âge est perçu comme un gage de succès. Pour une fille, l’ambition est à double tranchant.
Je ne sais pas si vous vous reconnaissez là dedans, mais moi oui. Et je suis bien d’accord avec Mme Sandbergh qu’il faut éduquer les filles en leur inculquant, tout au long de leur formation combien l’ambition, n’est pas un défaut chez une femme, au contraire.
Cette enquête « maison » à laquelle ont répondu une quarantaine de femmes et quelques hommes ne porte pas sur un échantillonnage représentatif et ne permet donc pas de tirer des conclusions que l’on peut généraliser.
Mais, je tire quelques constats :
1) Il n’a pas été facile de dresser une liste de modèles féminins d’entrepreneures. Cela prouve bien qu’il reste encore du chemin à faire dans la promotion des femmes chefs de leur propre entreprise.
Voici la liste que j’avais soumise à mes “fans” sur facebook. Lise Watier arrive première tandis que Cora Tsouflidou, Christiane Germain, Josée Fiset et Anne Marcotte arrivent au second rang ex-aequo.
- Lise Watier, Lise Watier Cosmétiques
- Cora Tsouflidou, Chez Cora
- Christiane Germain, Goupe Germain
- Josée Fiset, Première Moisson
- Anne Marcotte, Voir GRAND.tv
- Caroline Dumas, Soupesoup
- Geneviève Gagnon, La fourmi bionique
- Penny Shuster, La Canadienne
- Mitsou Gélinas
- Autre
Ce sont les modèles féminins d’entrepreneures qui deviendront nos meilleures porte -paroles sur la conciliation famille et travail.
2) Un portrait de l’entrepreneuriat féminin sur l’île de Montréal est devenu une nécessité, car pour aider les femmes à créer de la richesse collective et de l’emploi, il nous faut mieux connaître leurs motivations, défis, habitudes, valeurs et styles de gestion.
3) L’autonomie financière et la création d’emplois n’ont été citées qu’une fois dans les commentaires. Ces facteurs ont leur importance dans la décision des femmes de se lancer en affaires, mais n’apparaissent pas d’emblée comme principaux moteurs à l’entrepreneuriat féminin. Étrange non?
C’est pourquoi Kim Auclair et moi-même avons décidé d’élargir le bassin de répondants en diffusant un questionnaire aux femmes entrepreneures de Femmessor-Montréal en collaboration avec Femmessor-Montréal ainsi qu’à des femmes d’influence du milieu entrepreneurial et de vous proposer d’y participer.
Si vous souhaitez y participer, visitez le sondage en ligne sur l’entrepreneuriat féminin sur l’île de Montréal en cliquant ici.
Kim et moi-même vous reviendrons avec les résultats durant le mois de mars 2012.
En attendant, à vous la parole! Faites-nous connaître votre opinion car c’est ainsi que les solutions prennent forme.
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